L'Argentine jour après jour

Publié le par Sab Ji

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29 décembre 2010

Grève en Bolivie, routes bloquées. J'arrive avec trois heures de retard à la frontière et rate, royalement, le bus pour Salta. La ville de Jujuy ressemble à une ville fantôme. Des rues désertes où souffle un vent de sable. Les habitants sont devenus des âmes errantes. Seule la station de bus, royaume de l'import export, reste vivante. Les rescapés de la rue y ont trouvé refuge tous entasser dans le méli-mélo des agences de voyage. Moi je n'ai que huit heures à attendre avant le prochain bus.

 

30 décembre 2010

il y a des villes qui attirent irrésistiblement. J'étais venue seule à Salta et je viens d'apprendre que plusieurs amies y vivent. Coïncidence ou effet magnétique, attirées par la belle région du nord, on se retrouve comme au bon vieux temps.

 

31 décembre 2010

« Le Taxi arrivera avec peut être une heure de retard » me dit la femme d'agence de taxi collectif avec un sourire crispé. Mais le temps en Argentine échappe à toutes les règles. D'une heure de retard on passe vite à deux. Pas d'information, c'est comme ça. C'est les surprises de la vie. Une voiture arrive enfin. On s'y engouffre. Le rythme effréné du chauffeur me laisse espérer de ne pas rater tout le réveillon. Mais la voiture n'ira pas plus loin que le prochain village. Le chauffeur nous a juste déposé pour attendre un peu plus loin.

Une heure plus tard une voiture arrive enfin. Alléluia! Avec son incompréhensible accent argentin, le chauffeur tente de m'expliquer son retard: « niebla, niebla ». Moi je ne comprends rien. Quelques minutes plus tard, on ne voit plus rien sur la route. Une épaisse couche de brouillard, niebla, nous enveloppe comme un linceul. Le ravin est proche et les phares n'éclairent rien. Malgré ses écarts sur la route notre chauffeur semble être sous une bonne étoile. On arrive au village de mes compagnons de route et Salta est toute proche. Maintenant que je suis seule avec le chauffeur, il trouve des excuses pour pouvoir me toucher, m'invite à dîner... Le réveillon se transforme en cauchemar. On rentre enfin dans Salta, la fin du supplice est proche. Minuit, des feux d'artifices de partout. Le chauffeur ne veut pas conduire avec les fusées qui partent dans tout les sens. Il fait une pause sur le bas côté. Puis il décide de fermer les portières à clé. Je n'ai pas confiance. Je préfère errer seule dans la nuit que de rester une seconde de plus avec lui. Sur le long chemin qui me reste à parcourir; j'atterris dans un bouiboui où sont ceux qui n'ont nulle part ou aller. Ils m'invitent de bon cœur et je passe un moment exceptionnel. L'année commence bien. Un tango, avec les amies, pour parachever une nuit magique.

 

01 janvier 2011

Au passage de la nouvelle année les rues s'embrasent, les gens s'embrassent. Les pétards explosent et les cœurs bondissent dans l'espoir de ce jour nouveau pareil aux autres mais annonciateur d'un avenir devenu présent. Ça y est nous sommes en 2011!

 

02 janvier 2011

Aux lèvres pulpeuses, aux culs rebondis; je vais cassé un mythe mais les Argentines ne sont pas belles naturellement, elles le deviennent. Les formes charnues des belles se dessinent en courbes ondulantes. La rue vit aux rythmes des leurs hanches séductrices. Les Argentines sont belles car elles sont elles même. De A à Z, elles s'assument. Un tempérament de feu et une envie irrésistible de croquer la vie fait le reste. Attention messieurs à ne pas vous brûler au cœurs ardents des belles argentines.

 

03 janvier 2011

Gaucho, l'homme à cheval. Son couteau dans le dos, gaucho macho est l'homme de la campagne, le seigneur des troupeaux. Aujourd'hui les gauchos ne passent plus leurs journées à cheval mais c'est toujours une gloire de monter son destrier dans la pampa argentine.

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04 janvier 2011

Dans un immense restaurant, fait de petites salles et de recoins, bat l'âme saltenienne. La douce odeur de l'azado chatouille les narines. Les serveurs se pressent dans la foule qui tape des mains. Et partout des musiciens, à la voix d'or, chantent à la gloire des festivals. Un esprit de fête, un pays qui vibre pour son histoire toujours présente dans les cœurs.

 

05 janvier 2011

Comment faire une émission de radio à la dernière minute? Déjà, il faut réussir à être joint en Argentine. Pas simple! Première épreuve trouver un téléphone. Heureusement, les serveurs, du café où je me trouve, ne résistent pas à mon charme et me prêtent leurs téléphones. Puis il y a le code d'entrée du pays à composer puis le code de la région et si c'est un portable encore un autre numéro. Les chiffres s'alignent interminablement, s'entremêlent mais rien. Pire que le code secret d'un coffre fort. Impossible de me joindre. Deux heures sont déjà passées et toujours pas de solution. Les cabines publiques ne peuvent pas recevoir. Que faire? Ultime solution: un hôtel de luxe. N'étant pas de l'hôtel, il va falloir que je soit convaincante avec le peu de vocabulaire espagnol que j'ai. La sonnerie retenti enfin, me voilà sur les ondes françaises.

 

06 janvier 2011

22 heures de bus pour étudier la platitude de la pampa...La route et ses deux bandes jaunes au milieu me mène droit à la dernière étape de mon voyage.

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07 janvier 2011

Tango, tango, tango, le rythme est donné. Je rentre dans la capitale. 5 heures d'attente dans un bar culte qui diffuse une musique à danser. Serveur, un tango s'il vous plait! Un bal pour finir comme toutes les belles histoires de Cendrillon. Le bar n'est pas le seul à être au goût du tango; partout dans les rues s'affiche les cinq lettres T A N G O. Dans toutes les couleurs, sous toutes ses formes le tango se décline dans les rues de Buenos Aires. Tango, danse et musique, est le symbole de la diversité culturelle propre à l'Argentine. La danse, populaire devenue chic, fait des femmes des princesses qui s'en vont trouver l'amour ou le plaisir de la danse sur les pistes des milongas (bal).

 

08 janvier 2011

Jeune femme recherche chaussure à son pied.

A défaut de trouver le prince charmant, l'argentine fabrique les plus belles chaussures du monde. Les femmes s'engouffrent dans les magasins ou comme moi pousse la porte d'une petite maison ou se cache un artisan qui fabrique du sur mesure rien que pour vous. Le sourire chaleureux de l'homme qui d'un coup de baguette fabrique l'objet magique qui fera de vous la plus belle pour aller danser.

 

09 janvier 2011

Belles argentines, souvent soumises au machisme, elles savent pourtant ce qu'elles veulent. Un bon travail, une famille, de l'amour avec un grand A. Elles séduisent avec leurs formes délicieuses. Elles sont à croquer mais attention c'est peut-être vous qui finirez par être manger. Car à ceux qui se montreraient machos, elles savent aussi dire non et mériter le respect.

 

10 janvier 2011

Dans les rues commerçantes, dans les restaurants où les parcs, il y a du tango pour touriste. Les bons spectacles sont rares. Une robe satinée qui laisse voir des jambes immenses, des paillettes aux coins des yeux et des talons aiguilles voilà une danseuse de tango. Son partenaire l'homme en costume qui porte un chapeau. Quelque pas de tango, avant de poser pour les photos. Rien de plus que l'expression d'un tango machiste qui a laissé son âme au diable du tourisme. Jolies filles pour demander de l'argent aux touristes éblouis par un tango de pacotille.

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11 janvier 2011

Parfum d'autrefois dans les rues pavé de San telmo. Le quartier des antiquaires diffuse le parfum de la vieille Europe. Des graffitis ravivent le vieux quartier. Mi artistique mi antique San telmo est le charme simple de Buenos aires.

 

12 janvier 2011

« Mi amor », c'est ce que l'on entend quand on s'adresse à quelqu'un dans la rue. A Buenos Aires tout le monde s'appelle Mi amor. Romantisme de coin de rue ou séduction populaire, les mots doux adoucissent les mœurs et vous font un peu sentir reine où que vous soyez. Même la culture machiste n'y résiste pas. « alors mi amor la station de bus se trouve à trois rues d'ici. Merci mi amor.

 

14 janvier 2011

Sur les bord du Rio de la Plata s'étend les extrêmes. Au sud les maisons pauvres de tôles et de bois abritent les habitants de la Boca. Bien d'autres dans la Boca n'ont même pas un toit. Puis on passe au quartier ancien de San telmo et son charme avant d'être dans l'ultra moderne Puerto Madero qui vous conduira vers le quartier chic de la Recolleta où les hôtels de luxe et résidences somptueuses rayonnent sous le ciel bleu de Buenos Aires.

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15 janvier 2011

Dans les rues, s'exposent comme des natures mortes, canapés, meubles et bazar en tout genre. Comme hors du temps des meuble sans âge; matelas aux ressorts cassés sont les maisons sans toit des gens de la rue. Ils s'installent partout tentant de reproduire le confort d'une maison. Les petites filles de la rue courent partout, s'arrêtant curieuses et rêveuses des belles dames en talons aiguilles qui dansent près de l'architecture invisible de leurs maisons.

 

16 janvier 2011

Pour inviter une personne à danser un tango, on les regarde. Échange de regard pour une possible danse ou l'on détourne la tête pour ne pas danser. Ainsi chacun assit dans son coin communique à distance. Baudelaire disait qu'échanger un regard était comme faire l'amour. La mirada : échange de regard est l'expression d'un amour de la danse et le début d'une histoire entre deux personnes le temps d'un tango.

 

17 janvier 2011

Plongées dans la nuit, les milongas sont un monde au cœur du monde. Portes ouvertes à la diversité culturelle, le tango, s'inspire de maintes cultures pour créer sa propre identité. L'argentine est culture hybride et pourtant unique.

 

18 janvier 2011

Les argentins cherchent la femme de leur vie et les femmes de leurs nuits.

 

20 janvier 2011

35 ans que les mères et grand-mères, des disparus de la dictature, marchent les jeudi sur la place Mayo. Ce jeudi encore, elles sont présentes. Coiffées d'un foulard blanc, elles marchent pour la vérité. Elles marchent pour ne jamais oublier. Le droit d'une mère pour son enfant, les devoir de l'état pour son peuple. Voilà les enjeux d'une marche sans fin.

 

21 janvier 2011

Le tango est fait de règles que l'on se doit de respecter. Danser au moins trois danses avec son partenaire, changer de partenaire à chaque cortina ( pause musicale dans le bal), inviter du regard. Et puis, il y a les règles officieuses : ignorer discrètement celui ou celle avec qui on ne veut pas danser, refuser clairement à ceux qui ne sont pas assez doués et pourraient compromettre de leur simple présence les tangos avec les meilleurs danseurs. Être amis avec les personnes avec qui on veut danser. Porter l'uniforme des danseurs car à défaut d'avoir le ramage; il faut avoir le plumage. La Fontaine aurait vu de bien drôles d'oiseaux, dont il aurait fait la satyre, dans ce petit monde du tango.

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22 janvier 2011

Dans ma jupe rose, je réalise ma dernière performance : à la recherche du prince charmant. Mon panneau à la main, je décide d'aller comme beaucoup de gens consulter une voyante. Être magique des temps modernes, celle qui sait lire l'avenir, me dira tout. Que viennent chercher les autres personnes qui la consultent? Des réponses aux questions insolubles? Des vérités cachées? Une lumière qui montrerait la bonne voie à suivre? Ma voyante ne dispose d'aucune réponse mais sous son maquillage grossier, comme un fée, elle donne du rêve et de l'espoir à ceux qui en ont besoin.

 

24 janvier 2011

Pourquoi être venue en Argentine? Ici, il n'y a pas vraiment d'histoire de Cendrillon, les histoires indiennes ont été oubliées et il ne reste que l'héritage de colons européens. La culture du tango a tant de point communs avec l'histoire de cendrillon que ne pas aller en Argentine aurait-été une erreur.

La première histoire de type Cendrillon est née de la légende d'une courtisane grecque dans l'Égypte ancienne. Le tango lui est née d'un métissage culturel dans les bas fond du Rio de plata. Les courtisanes séduisaient les pauvres immigrés en mal d'amour. Et comme pour le conte tout semble se jouer lors d'un bal. Le tango pourrait être l'incarnation moderne du conte.

 

25 janvier 2011

Sous le soleil, les femmes transpirent le féminité qui donne à leur peau le goût salé de la vie.

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26 janvier 2011

Une petite fille de la rue, comme il y en a partout dans le monde, me demande de l'argent. Je lui propose de poser pour moi et échange d'une sorte de salaire. Elle accepte avec joie d'être au centre de mon objectif. Elle prend la pose d'une enfant encore naïve mais plus tout à fait. Une deuxième petite fille veut profite de l'opportunité de gagner un peu d'argent. Puis un troisième enfant arrive, je refuse de lui donner de l'argent. Je ne peux pas donner à tous. Il faut faire un choix. Le monde est injuste et nous en sommes tous coupables. Pourquoi les uns et pas les autres? Il faut se faire une raison là où justement il n'y a pas de raison.

 

27 janvier 2011

Pigeonnantes ou en ballonnées, les belles poitrines s'exhibent dans les rues. Dans la dictature de la mode, les jeunes filles sont émancipées à 16 ans pour pouvoir bénéficier d'une chirurgie mammaire. Enfant dans l'âme, femme dans les formes, les petites Cendrillon « made in Argentine » ne perdent pas leur temps pour ressembler à des princesses.

 

28 janvier 2011

Le roi du feu.

Maître du feu qui attise les braises, pour le meilleur des asados (barbecue). Quand il s'agit de charbon et de flamme, c'est l'homme qui cuisine. Applaudi pas les convives, c'est une fièreté et un devoir pour l'homme de la maison de préparer une viande succulente.

 

29 janvier 2011

Dans presque tous les pays, il y a une tradition pour boire le thé. Ici, c'est le maté. Un verre de bois avec une paille de métal, c'est ainsi qu'homme et femme puisent l'énergie de leurs journées. Herbes stimulantes, le maté est surtout un lien social. Surtout ne pas remuer et aspirer jusqu'à la dernière goutte, ainsi le veut la tradition. Dans les parc, les magasins, au travail, jamais sans son maté.

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30 janvier 2011

Minuit, la piste de danse se vide. Les danseurs s'assoient autour de la piste. Tous les regards se tournent dans la même direction. Les maestros s'avancent. Connus dans le monde entier, la belle Moira et son prince charmant s'enlacent pour un premier tango. La danse est leur royaume. Leurs pas enflamment le parquet et le public reste muet. L'expression de leur amour, de leur bonheur rayonne chaque fois de la même intensité. Dans sa simple robe noire, Moira, est la princesse que l'on voudrait être : épanouie, femme, épouse, amante et mère. Son tango séduit, il fascine même car bien au delà de la danse il est l'expression d'un réel épanouissement. La musique se termine et comme d'habitude les deux amants s'embrassent, d'un baiser toujours intense.

 

31 janvier 2011

Dans le présent des émotions les argentins déclarent leurs sentiments. Je t'aime. Je ne t'aime plus. Je t'aime encore. Chaque seconde est une surprise. Une roulette russe du cœur, en amour ou en amitié, personne ne sait jamais de quoi sera fait le prochain quart d'heure. Carpe diem.

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01 février 2011

Dans la rue comme un coup violent le rythme des candombes vous saisit par les tripes et secoue tout votre corps sur les pavés de la rue. Les musiciens tel une armée envahissent petit à petit les rues. Des hommes et des femmes ensorcelés suivent le cortège dans des danses frénétiques. L'énergie se sent, elle coule sur le torse nu des musiciens.

 

04 février 2011

Au dessus des nuages, je réfléchie à la moralité de mon histoire. D'un pays à l'autre la vie des femmes diffère mais les valeurs profondes restent celles du conte. Les femmes ne croient plus au prince charmant ni aux contes de fée. La magie est cependant toujours là. Loin des contes de fée, réussir à vivre avec le sourire, dans les conditions de grande pauvreté, est un pouvoir dont les femmes semblent dotées. Et le prince charmant existe-t-il? Il est la reconnaissance et l'amour que toutes les femmes du monde mérite. Mais le Prince charmant n'est pas un homme il est l'incarnation d'une idée, d'un besoin profond dans un être humain.

Depuis les siècles des siècles, envers et contre tout les femmes construisent le bonheur.

 

Elles vécurent heureuses à leurs manières pour les siècles des siècles....

 

FIN

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S
<br /> Alors moi il me tarde de te revoir, 1 an de voyage.. rien qu'au fil de tes mots, je trouvais que ton regard changeait, à moins que la plume s'affutait plus facilement...?<br /> Hâte de voir tes photos aussi, de préférence lors d'une exposition !<br /> Et a posteriori alors ? Le sens du voyage, d'orient en occident, plutôt que dans l'autre, a-t-il un sens? Je veux dire, de faire un "tour" du monde pour rencontrer les gens, les femmes, en<br /> commençant par les populations les plus vieilles et plus riches culturellement parlant, et finir par les plus récentes, c'est intéressant à développer je trouve...<br /> Nous verrons-nous aux 4 saisons? De gros bisous poulette!<br /> <br /> <br />
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P
<br /> tu es donc "rentrée".......qu'est-ce que la misère ?<br /> bravo, l'a des couilles Sab......et un coeur aussi<br /> bisous<br /> <br /> <br />
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N
<br /> de très jolis passages dans ces instantanés de journées...<br /> Mais est ce vraiment la Fin du voyage de Cendrillon, ou histoire à suivre?<br /> <br /> <br />
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