Le Guatemala jour après jour

Publié le par Sab Ji

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29 novembre 2010

De l'autre côté de la rivière, le Guatemala. Comme une parenthèse dans un long voyage, je traverse la rivière pour découvrir l'Amérique centrale. Même si le déclic de l'appareil photo est devenu un son du quotidien; le Guatemala est le bienvenu pour faire une petite pause. Un moment idéal pour enfin réparer mon sac photo, qui se désagrège un peu plus chaque jour, gloire à la qualité  de fabrication indienne. Moi je reprends mon souffle pour repartir de plus belle vers la dernière étape de mon voyage, l'Amérique du Sud.

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30 novembre 2010

Emportée dans le flot touristique, me voici au petit jour à Tikal. Au cœur profond de la forêt vierge s'élève les pyramides Maya. Monde perdu, les pyramides tentent de conquérir le ciel. La forêt a repris ces droits sur ces colossales architectures qui tentaient de la dominer. Prophètes des temps anciens, les mayas ont laissé des stelles annonçant la fin du quatrième monde. Comment ne pas croire en ceux qui ont élevé de si grandes architectures au milieu de la forêt vierge? Les Mayas construisaient pour se rapprocher des Dieux, aujourd'hui on bâtit pour montrer son pouvoir économique. Nous verrons donc pour qui sera la fin et que sera le cinquième monde...

 

1 décembre 2010

La cuisine est l'un des talents des femmes. Partout dans la rue, on trouve de délicieuses saveurs locales. Les « comedor » sont des petits restaurants, où on peut manger pour pas cher. Au menu haricots rouges, et œufs ou poulets. Toujours la même chose. Dans les rues du poulets grillé. Midi et soir du poulet dans mon assiette. Un ami qui voyage depuis longtemps au Guatemala me confit sa peur de se voir pousser les seins à force de manger cet animal plein d'hormones.

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2 décembre 2010

La petite ville de Solola n'a pour elle que son marché. Je m'y balade souvent pour photographier les jolies vendeuses. Comme un vulgaire produit, elles vendent leur image. Faut-il que le commerce soit roi et que plus rien ne soit gratuit. Tout est à vendre même soi. Pas de cadeau surtout à toi qui vient de loin parader avec ton énorme appareil photo autour du cou.

 

3 décembre 2010

Un homme me bouscule pour passer. Ce n'est pas grave. Pourtant il y a de la place dans la petite rue. Il me bouscule car je ne suis qu'une femme. Inférieure. Je ne suis que la côte d'Adam devenue humaine. Une partie inutile d'un corps utiliser pour devenir une distraction, rien de plus. La femme n'est rien. 700, c'est le nombre de femmes tuées cette année. Tuée pour un ou deux dollars. Es-ce le prix d'une vie? Les corps mutilées resteront les martyres d'un pays parmi d'autres où l'homme est tout puissant. Il y a des églises partout mais qui veille sur nous?

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4 décembre 2010

Les femmes et les hommes, de la région de Solola, portent tous des tenues traditionnelles. Les tenues et les coiffures varient pour reconnaître les différentes ethnies. Ce sont les espagnols qui ont imposés les styles pendant la colonisation. Comme pour les « bioman », on reconnaît les gens à la couleurs qu'ils portent. Chapeaux de cowboy pour les hommes longues tresses pour les femmes. La mode américaine n'a pas encore réussit à s'imposer dans cette région. Les Mayas sont un peuple fier de ces origines et nul changement ne semble à envisager pour eux! Les hommes pieds nus dans les champs, les femmes dans les rivières pour laver le linge c'est ainsi que se construit la paisible vie de Solola.

 

5 décembre 2010

Samedi matin sous un beau ciel bleu, deux jeunes gens voient la vie en rose. L'homme attend, impatiemment à l'entrée de l'église, sa princesse. Une grande et belle église, décorée de fleurs blanches et de dentelle. Un voile blanc dans les cheveux, la belle fait sont apparition vêtue de la jupe rose traditionnelle de Solola. Elle s'accroche au bras de son père avant de ne remettre sa vie dans les mains d'un autre homme. Famille, amis sont tous présent pour célébrer l'amour. Le prêtre récite la messe au son de la banda « résurrection ». En signe d'attachement mutuel, le prêtre mets autour de la mariée et du marié deux chaines de fer. Ligoter pour la vie, sous le regard de Dieu les voilà prêt à vivre coûte que coûte les joies et les douleurs du quotidien. Un grand banquet vient couronner cette belle journée. Les mariées et leurs familles trônent sur une estrade. On boit, on mange et on repars chez soi. Tout mes vœux de bonheur à Rosita et Felix, que leur vie soit un conte de fée avec une fin des plus heureuse.

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6 décembre 2010

Autour du Lac Attitlan, des villes paradisiaques ont trouvées refuge sur les flancs des volcans. Belles et paisibles, ses villes sont un havre de paix touristique. Toutes les trois minutes, au cas où on se laisserait aller à la rêverie de ses paysages idylliques, une jeune femme ou un enfant aux yeux rond vient nous rappeler notre condition. Porte monnaie ambulant, on nous propose bracelets, tissus, et écharpes typiques.  Les belles vendeuses ont l'art de l'insistance mais pas de l'originalité. Les innombrables magasins et les vendeuses ambulantes proposent tous la même chose. Un seul type de marchandise fait vivre ou plutôt survivre toutes les communautés environnantes. Ils sont au bord de l'asphyxie générale tant ils essayent tous de respirer la même bulle d'air. Impossible de les faire changer car ils ne savent rien faire d'autre. Pourtant le tourisme diminue et eux sont de plus en plus nombreux. C'est bientôt Noël, laissez vous tenter par une écharpe traditionnelle.

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7 décembre 2010

Chargée deux mes deux énormes sacs, qui sont un peu devenu ma maison j'arpente la rue principale de Chimaltenango à la recherche d'un lieu où passer la nuit. Un homme m'interpelle dans le tumulte ambiant. Je me retourne et voit le petit malin en train de faire pipi et d'exhiber fièrement sont excroissance. C'est le premier exhibitionniste que je croise. Comme réponse à sa démonstration ou « monstration » anatomique; je lui réponds que c'est vraiment petit. Il ferait mieux se rhabiller au plus vite. Il semble vouloir poursuivre cet échange des plus ennuyant, moi, je m'esquive pour des gens plus intéressant.


 

8 décembre 2010

Il est l'heure d'embarquer pour une nouvelle destination. J'attends sur les fauteuils gris de l'aéroport. Un poste de télévision diffuse une publicité sur les merveilles du Guatemala. Nous sommes dans la génération de l'image. Le vide visuel, l'espace blanc est banni. Il faut montrer, il faut voir tout le temps, du ventre de la mère aux détails de votre vie tout ne sera qu'image. La notre et celle des autres. Malgré la profusion des images, il n'existe que deux couleurs. Les images montrent le monde en bi-chromie. Bleu ciel pour les publicitaires et rouge sang pour les médias. Alors dans le reportage on nous donne à voir un joli ciel bleu. Ils disent que le Guatemala est le pays du sourire. On voit les femmes traditionnelles de Solola. Elles sourient devant la caméra, pour quelques quetzals avant de retourner dans leurs vie pauvre. Dans le bleu ciel se cache toujours les autres nuance de la réalité. Dans le rouge sang des médias qui eux nous disent, que dans l'inconnu qu'est le monde, il y a la pauvreté et la violence. Mais jamais le rouge sang ne prend une tonalité plus rose. Le rose de ceux qui sourient parce qu'ils sont en vie. Parce que le bleu est indissociable du rouge. Et parce que les bords carré d'une image ne pourront jamais contenir qu'une petite part de la réalité.

 

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