Vassilissa, la belle à la peau blanche

Publié le par Sab Ji

 


Selon les traditions de ses ancêtres, , devrait se marier pour s'occuper de son foyer et veiller au bien être de sa famille.

Pour elle, les conditions de vie étaient pénibles, dans ce pays, si vaste et si froid. Elle savait que l’argent était difficile à gagner ; ses voisins pouvaient à peine s'acheter une maison. Les salaires étaient devenus trop bas, dans cette Russie moderne, il n'y avait plus de travail. S’acheter une voiture ou voyager n’était plus réservé qu’à une partie de la population. Pourtant, même si aujourd’hui, sa vie était dure, elle continuait à rêver… Elle ne souhaitait pas se marier avec un homme de sa ville, ni même de son pays. Ils la dégoutaient, avec leur bouteille à la main, et leur main, si promptes à corriger les femmes, lorsqu’ils étaient souls et ne parvenaient plus à se contrôler. Chacun des cris de ses voisins renforçait sa détermination à vivre autre chose.

Vassilissa, la belle à la peau blanche n’oubliait pas ses traditions. Elle admirait même la vie de sa  mère, mais n’aimerait pas la reproduire. Les choses avaient changés, les magasins de luxe s’étaient construits autour de chez eux, les télévisions étaient maintenant dans chaque maison, la mode était devenue un enjeu majeur du quotidien. Comme la plupart des mères, la sienne s’était oubliée pour se consacrer à ses enfants, elle avait laissé courir les années et s’était retrouvée, des années plus tard, à contempler son visage dans un miroir, en pleurant la beauté perdue trop rapidement qu’elle n’avait pas su garder. Pour Vassilissa, cette pensée lui fit couler les larmes, et l’angoisse de sa mère se fit sentir en elle. En souvenir de la peine éprouvée par sa mère, elle voulait garder sa beauté.

Un jour, à force d’avoir trop pleurée, Vassilissa sortit de chez elle. Elle rencontra une sorcière, sournoise et perfide qui lui promit la beauté éternelle. Pour cela, elle devait lui vendre son âme … Après une courte hésitation, la belle à la peau blanche accepta. Aussitôt, la sorcière la jeta en enfer. Elle se retrouva dans une pièce sombre, avec un grand sablier. Elle aperçut autour d’elle d’autres femmes, presque aussi jolies qu’elle, qui se délassaient avec des hommes. Mais elle seule pouvait voir ce qui se cachait derrière ces personnages. Les femmes étaient des diablesses qui éblouissaient les hommes en dansant au milieu de la piste de bal, jusqu’à rendre leur cavalier fou, puis les dépouillaient de tout leur biens et les abandonnaient. Les hommes étaient; quant à eux, les plus mauvais que la terre eut connu, venus des quatre coins du monde pour profiter de la beauté des femmes et les traiter comme des bêtes. Finalement, ce que Vassilissa apercevait, c’était la souillure des uns et des autres, cachée sous une séduisante et fausse parure. Ce spectacle lui sembla durer une éternité. Lorsque le dernier grain de sable du sablier tomba, toutes les parures disparurent et tous paraissaient sous leur véritable jour. A ce moment là s’échappa de la pièce une multitude de cri d’horreur si abominable que la belle à la peau blanche s’évanouit.

Vassilissa se réveilla, en sueur, au pas de sa porte. Le cœur de la belle à la peau blanche était finalement trop pur pour la sorcière, qui n’avait pas pu lui salir son âme. Vassilissa n’avait pas pu se joindre à ces diablesses et son cœur avait permis à ses yeux de voir la vérité. Vassilissa voulait une vie plus confortable que sa mère, mais n’était pas prête à tout sacrifier. Elle souhaitait un peu de modernité, certes, mais ne voulait pas pour autant devenir égoïste et profiteuse. Elle souhaitait vivre en couple, peut être avec un étranger et même sans être mariée, mais respectait malgré tout les valeurs que ses parents lui avaient transmises. Elle voulait être épanouie et connaître le succès dans sa vie et dans son travail, tout en souhaitant apporter amour, sécurité et stabilité à ses enfants.

Et finalement, même si elle voulait rester belle, elle avait compris, qu’aux yeux de sa famille, elle le restera à jamais, comme sa mère l’était restée pour elle.

 

 

Publié dans Russie

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